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vendredi 22 février 2013

La balade de Roger Lelièvre.

  Un monde méconnu.









  La balade de roger Lelièvre.


        Joli mois de mai, les couleurs de ta lumière te sont chicanées par la transparence bleutée du ciel azuréen, les verts camaïeux de la végétation dont le chatoiemen le dispute au ciel, tous deux dominé par l'or aveuglant des rayons solaires. Au coeur du printemps, la nature éveillée, s'émerveille de son enchantement. Dans  les champs fleuris, sur les couleurs des pétales, papillons et abeilles s'enivrent du nectar des fleurs, leur subtil parfum libéré dans l'espace campagnard. Les accords mélodieux du chant des oiseaux voltige de branches en branche, leurs bourgeons comme les amours fleurissent avec le même désir.
        Roger Lelièvre son jogging froissé, les baskets salies, se remet de sa longue course matinale à travers champs. Il s'est saoulé d'air frais, a humé les parfums, foulé l'herbe tendre, d'une rosée s'est baigné. Lelièvre s'est bercé du chant des oiseaux, s'est roulé dans les couleurs printanières, d'une carotte s'est nourrit. Arrive à grande vitesse, avertisseur hurlant, Sifrédi Lescargot.
  - Bonjour monsieur Lelièvre ! Comment allez-vous ?
  - on ne peut mieux ! Vous êtes dans une forme éblouissante Monsieur Sifrédi, pour où courez-vous si vite ?
  - Rendre visite à cousine Oseille, j'ai grand hâte de lui faire essayer le confort de mon nouveau camping-car.
  - Quand vous a-t-il été livré ?
  - Pas plus tard qu'hier au soir, figurez-vous mon cher qu'il est le dernier modèle fabriqué par Auto-Rêvée, aussi vous comprendrez bien ma hâte à voir cousine Oseille.
  - Il est magnifique en effet. Votre cousine sera probablement ravie de l'essayer.
  - J'y compte bien !
  - Ooh, Seriez-vous amoureux ?
Sifrédi les antennes frémissantes, la mine réjouit de premier communion, lui montre une alliance.
  - Plus que cela mon Cher ! Vous voyez là le nid qui abritera notre lune de miel.
  - Félicitations ! Mes voeux de bonheur vous accompagnent Monsieur Sifrédi.
  - Je vous remercie Monsieur Lelièvre, à bientôt !
Sifrédi Lescargot disparaît au tournant d'un fourré précédé de la tonalité de son avertisseur sonore.
        Roger poursuit son chemin, hume à droite, à gauche, les narines dans les fleurs. Mimi Abeille émerge d'entre deux pétales, la trompe barbouillée de nectar sous les yeux ébahis de Lelièvre . Elle le fusille du regard, dépose sa précieuse récolte, lui dit sa désapprobation ou plutôt hurle son indignation.
  - Non mais des fois, en voilà des façons ! Ca vous prend souvent de fouiner dans les affaires d'autrui ?
  - Je suis désolé mademoiselle Abeille. Veuillez m'excuser je vous prie je ne vous avais pas vu.
  - Portez des lunettes si vos yeux vous jouent des tours !
Après quoi elle replonge au coeur de la fleur sans autre forme de procès.
  - Bonjour Roger ! Votre flirt vous pose un problème ?
Chantonne une voix derrière lui. Lelièvre se tourne les joues empourprés, une oreille rabattue.
  - Mimi Abeille n'est pas mon flirt quoi que vous pensiez.
  - Attention vous rougissez Roger ! L'interrompt Rosalie Tortue.
  - Où allez-vous de si tôt Rosalie ?
  - au salon de l'habitat mon bon Roger. 
  - Au salon de l'habitat ? Si tôt ? S'enquit Roger étonné.
  - Voyons Roger le salon n'est pas au bout du chemin, sauf pour vous.
  - Vous projetez de rénover votre intérieur ?
  - Il n'est pas question de rénovation, j'ai par dessus la tête de l'ancien. Je veux un mobil home moderne avec de grandes baies vitrées dans ce nouveau matériau que l'on dit légers.
  - Que ferez-vous de la vieille roulotte ?
  - M'en défaire pardi ! Elle est sombre, inconfortable, d'un poids inimaginable. Après tout ce n'est qu'une antiquité, une vieille chose que nous nous transmettons depuis la nuit des temps. Pour mes aïeuls c'était parfait mais de nos jours qui accepterait de tirer ce machin d'une tonne pour partir à l'aventure.
  - Vous souhaitez la revendre ?
  - L'antiquaire m'a offert un bon prix. Il m'a laissé entendre que les étrangers raffolent de nos vieilleries. Vous le saviez vous Roger ?
  - Je l'ignorais Rosalie. J'irai voir votre antiquaire, il se trouve que je possède de vieux meubles qui encombrent mon terrier.
  - Sur ces bonnes paroles je vous abandonne à vos amours. A propos Roger, méfiez-vous des fleurs, nous sommes en pleine saison des locations amoureuses.
Rosalie Tortue reprend la route dans sa vieille roulotte, le toit irisées par un rayon de soleil. Les arabesques sculptées révélant la magnificence des roulottes d'antan. Roger regarde la lumière jouait dans les sculptures avec une attendrissante pensée pour l'artiste qui a façonné le toit du vieil abri. Rosalie tortue hors de vue, Lelièvre reprend ses pérégrinations se promettant une plus grande vigilance dans sa flânerie. A une bifurcation du chemin, il heurte Séraphin Lapin dont la tenus négligée, les poils en bataille, la moustache froissée, le noeud papillon pas mieux loti ont de quoi surprendre Roger. Il n'embrasse pas moins son cousin.
  - D'où sors-tu Séraphin ?
  - Des bras de ma dernière épouse.
Lelièvre lisse le poil de son cousin, lui redresse le noeud papillon.
  - C'est elle qui t'as mis dans cet état ?
  - Notre amour mon cousin, le plus fou des amours!
  - La folie de votre amour a failli me bousculer Séraphin. Pourquoi cours-tu si vite ? Te manquerait-elle déjà ?
  - Cousin, je me dois de présenter mes hommages à mesdames Lapin et je suis fort en retard.
  - ne crains-tu pas l'épuisement à force d'honneurs ?
  - Que nenni cousin ! L'amour est un merveilleux cadeau de la nature.
  - Prends garde Séraphin Nul n'est à l'abri d'un fâcheux. Un jaloux pourrait prendre ombrage et te dénoncer pour polygamie .
  - Voyons cousin cela ne se peut, j'oeuvre pour l'humanité.
  - La discrétion
        est un luxe à ta portée Séraphin, fais-en usage.
  - Tu es sage Roger, je tâcherai d'y penser. Je dois te quitter j'ai trop tardé.
Le lièvre repart soucieux, son esprit accaparé par les frasques de Séraphin Lapin. Il n'est plus attentif à sa promenade ni sur quoi il pose ses pattes. Des chuchotements sur sa droite près d'un buisson, le tire de son étourderie. Il s'arrête net, recule à pas feutrés avec , l'espoir de n'avoir  pas troublé le duo amoureux de monsieur et madame Lécureuil. 
  - M'aimez-vous encore ? Questionne l'énamourée madame Lécureuil.
  - plus que jamais ma tendre amie.
  - Qu'attendez-vous pour le prouver, votre baiser a manqué d'ardeur.
Amusé par les chamailleries du couple, Lelièvre s'attarde mais agacée par le bourdonnement d'une abeille sa patte gauche piétine une vieille ramure séchée. Le bruit attire le regard courroucé de Monsieur Lécureuil.
  - Vous trouvez amusant  de jouer les voyeurs ?
Roger rougit, prend le temps de bredouiller trois excuses avant de s'en aller quelque peu honteux.
        Devenu vigilant par son imprudence, Roger arrive sans plus d'incidents devant la demeure de Yatou Marmotte. Il empoigne le heurtoir, se ravise, frappe trois coups discrets. La voix ensommeillée de Marmotte lui parvient après une longue attente.
  - Qu'y a-t-il ? Qui est là ?
  - Ce n'est que moi Roger Lelièvre.
Le cliquetis d'une serrure précède l'ouverture de la porte sur un miaulement des gonds. Yatou Marmotte apparaît dans la lumière du jour en chemise de nuit sous la robe de chambre, un bonnet sur la tête.
  - Bonjour mademoiselle Marmotte ! Dit Roger aussitôt qu'il aperçoit Yatou.
  - Quelle heureuse surprise Monsieur Lelièvre ! Que faites-vous dehors par un si frais matin ?
  - Le printemps est de retour, voyez comme la nature est embellie.
  - Monsieur Lelièvre ne me regardez pas ainsi je dois être affreuse. Je suis confuse de paraître à vous dans cette tenue.
  - Vous êtes adorable !
Le rouge monte aux joues de la jolie Yatou.
  - Monsieur Lelièvre vous êtes un vilain charmeur !
  - Appelez-moi Roger je vous prie.
Mademoiselle Marmotte dont le rouge des joues est plus vif, bat ses longs cils.
  - Je serais prête dans une heure, nous pourrons déjeuner ensemble.
  - Je reviendrai avec les plus jolies fleurs des champs. Lui réponds Roger tout sourire.

        Lelièvre est heureux, presque aussi léger que le papillon qui volette autour de lui, l'air embaume, le gazouilli des oiseaux est miraculeux, la nature est resplendissante comme son attirance pour Yatou Marmotte qui n'est pas insensible à son charme. Une folle envie de danser s'empare de lui. Il esquisse un début de quadrille, se prend la patte dans ce qui lui semble être une racine, chancèle sans pouvoir retenir une chute dans l'herbe. Il se relève la patte endolorie, découvre en lieu et place de la racine son voisin Irwin Serpent plus surpris que lui.
  - Puis-je connaître la raison de ce croc-en-jambe Monsieur Serpent ? Se lamente roger .
  - Pardon ? Pouvez-vous répéter ? Questionne Irwin Serpent pas tout à fait remis de sa surprise.
  -Que faire un croche-pattes n'est pas une manière civilisée de saluer ses voisins.
Les yeux écarquillés, loin d'être content, Monsieur Sserpent entend manifester son point de vue à Lelièvre.
 - Apprenez jeune homme que je n'ai point ce ridicule attribut que vous vous obstinez à nommer de divers noms.
  - Mais enfin je... tente d'expliquer Roger.
 - Attendez jeune homme je n'ai pas fini  ! A quoi vous servent donc ces attributs dont vous ne savez que faire maladroit que vous êtes. Vous ne trouvez jamais le vêtement qui convient, la chaussure qui ne fasse pas mal. Enfin je suis agacé de vous voir vous prendre les pieds partout particulièrement sur mon corps. Portez des lunettes si vous ne voyez pas clair ! Mais Vous êtes peut-être amoureux ? Dans ce cas mon pauvre ami les lunettes s'imposent, vous verrez plus clair !
  - Je suis désolé, monsieur Serpent.
 - Vous êtes désolé ! Vous ne savez dire que cela. Réplique acerbe le reptile apode.
Sa créance soldée, il s'en va sur un dernier haussement d'épaule glissant entre les herbes dans une silencieuse reptation...

    SEPTEMBRE 2010, Emile LUGASSY.

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